Logement : petits arrangements entre amis ?
Boom de la construction, boom des prix… Le Pays Basque est à vendre, et les Basques le vendent bien depuis 20 ans, élus compris. Mais voilà : les petits Basques n’ont plus les moyens de se payer un logement pour vivre au pays. Ok boomers !
Euskal Herria, ez da salgai ! Sans vendeurs point d’acheteurs ! Si certains Basques ne voulaient pas que leur pays se vende, d’autres basques l’ont bien vendu. Et il n’est pas à exclure que certains aient aussi fait le contraire de ce qu’ils ont condamné. Et quand l’appât du gain se présente, un riche Parisien apparaît plus attractif qu’un jeune couple du coin.
Le Pays Basque n’est pas à vendre, graffitaient les militants. Nos frères, nos parents, nos amis… Mais aujourd’hui, ceux de ma génération galèrent pour vivre dans un T2 ou T3, que ce soit au cœur du BAB, et même plus à l’intérieur. Et disons-le clairement : si la société basque n’a pas encore craqué, c’est que de nombreux jeunes sont encore aidés par leurs parents. Des « Tanguy bask », restés plus longtemps à la maison ; des petits chanceux dont les parents ont depuis longtemps investi dans un appartement ; un bout de terre pour construire, un patrimoine hérité… Mais ceux qui n’ont rien de tout cela, basques ou pas basques, comment font-ils ? Oui, ils galèrent ! Et la société basque, je vous le dis, est au bord de la crise de nerfs !
Pourtant, le Pays Basque se serait ressaisi depuis 15 ans : les élus feraient des « plans logement » (et même d’urgence), et l’agglomération vient de voter son Plan pour l’habitat. Les résultats, on les voit : un foisonnement de constructions à tout va sur la côte et jusqu’à l’intérieur du Labourd. Immeubles sur une RN10 transformée, lotissements communaux dans tous les villages, etc. Mais malgré ce dynamisme de la construction, qui remplit les poches des constructeurs comme des artisans, le résultat est aussi celui que l’on lit dans la presse ces jours-ci : les 3/4 des logements construits l’auraient été pour le 1/4 de la population qui en a les moyens.
Mais que font donc nos élus ? Ils disent qu’ils croient au logement social et qu’ils font tout pour répondre aux besoins. Mais certains disent qu’ils n’ont plus de foncier, d’autres que le foncier privé leur échappe et que les (méchants) promoteurs mèneraient la vie dure au « marché » local. Ah bon ? Nos élus n’ont pas prise sur leur carte d’urbanisme, sur le foncier ouvert ou non à l’urbanisme ?
Prenons un exemple aussi concret que scandaleux. La Ville de Biarritz qui se plaint de son manque de foncier – pour justifier de son faible investissement dans le logement social et sa baisse de la population – vient de manquer une opportunité extraordinaire. Au cœur du quartier Saint-Charles, l’Ecole d’Alsace a été mise en vente. Un bien public qui a été concédé à un prix bien plus cher que la valeur du marché à un bailleur social, qui l’a lui-même revendu pour moitié (mais pas à moitié prix) à un promoteur privé, à prix d’or… pour des appartements huppés, on suppose ! Une opération qui signifie que : une municipalité vend au-dessus du marché, et donc concourt à la spéculation, sur le dos d’une école primaire, avec la bénédiction d’un office d’HLM ! Comment est-ce possible ? Comment la majorité des élus de cette Ville, aujourd’hui majoritairement divisée en X listes a pu laisser faire une telle aberration ?
Quel rapport entretiennent nos élus avec les propriétaires privés et les promoteurs ? Des rapports directs ou indirects ? Où se font les affaires ? Dans les loges « first class » de nos clubs de rugby ou autres rassemblements populaires ? Par des relations inter-personnelles… ou par des instances collectives et transparentes où l’intérêt général et le logement pour tous priment avant tout. Le déploiement des Alday, Eiffage, Kaufman & Brown, Bouygues, et autres amoureux du Pays Basque… invite à se poser sérieusement des questions. Même notre Crédit Agricole a le bon sens près de chez lui, fait de la promotion immobilière, concourt à la rénovation du bourg de Saint-Pierre, et sort de terre un « Connecteur » hallucinant à Saint-Martin (nous y reviendrons !).
Une enquête de fond et à grands moyens est nécessaire pour comprendre comment la gabegie foncière et immobilière s’est déroulée depuis 15 ans. Comment tant de terres ont été ouvertes à l’urbanisme, comment de si étranges ventes et tractations ont pu se faire par les décideurs locaux, et pour quels bénéficiaires.
De nombreux scandales se cachent derrière ce grands gâchis que le débat électoral élude forcément… Cela ferait trop mal.